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15 janvier 2025 : « Au défi des attentats terroristes : la victime, le neuroscientifique, l’historien »
Par Denis Peschanski, Directeur de recherches émérite, CNRS
La France et le monde ont connu une vague d’attentats terroristes de nouvelle génération, qu’illustrent en particulier ceux du 13 novembre 2015. En choisissant de postuler l’impossibilité de comprendre pleinement les mécanismes mémoriels si l’on n’en prend pas en compte l’interaction entre l’individuel et le collectif et, donc, les sciences humaines et sociales et et les sciences du vivant, Denis Peschanski propose une nouvelle lecture des dynamiques mémorielles dans un contexte - un régime mémoriel - toujours dominé par la figure de la victime. Les résultats déjà accumulés d’un vaste programme transdisciplinaire - une première mondiale - sur la mémoire du 13-Novembre, qu’il porte avec le neuropsychologue Francis Eustache témoignent de la fécondité d’une telle approche.
30 janvier 2025 : Une historienne engagée pour la reconnaissance du génocide arménien dans les années 1980.
Par Taline Ter Minassian, Professeure d’histoire contemporaine de la Russie et du Caucase, Inalco
Cette conférence-Témoignage entend proposer un regard rétrospectif sur une histoire à la fois familiale et « communautaire ». À travers l’itinéraire de l’historienne Anahide Ter Minassian (1929-2019), mère de la conférencière, on suivra le combat en faveur de la reconnaissance du Génocide arménien perpétré en 1915. Ce combat s’est alors inscrit dans le contexte de la « décennie du terrorisme arménien » (1975-
1985), conjointement à la percée médiatique de la cause arménienne en France, aux Etats-Unis et ailleurs, suscitant de nouvelles formes d’engagement. Outre l’affrontement avec les thèses négationnistes turques, les « excès » de la politique arménienne de cette époque seront remis en perspective dans le contexte international et hexagonal du début des années 1980 le fil conducteur du propos sera étayé par : Anahide, Chronique d’une Voix Libre, Radio Forum (1981-1982), Taline Ter Minassian (édit.), Editions Thaddée, 2024.
12 février 2025 : Un messianisme politique à l'ère numérique ? Le "mythe" Bolsonaro au Brésil
Par Armelle Enders, Professeure d’histoire contemporaine, Université Paris8 Vincennes – Saint-Denis
La trajectoire politique de Jair Messias Bolsonaro est un sujet de réflexion porteur de nombreux enseignements qui dépassent les frontières du Brésil que ce dernier a présidé entre 2019 et 2022. Plus intrigante encore est la dévotion que l'ancien capitaine parachutiste, surnommé "le mythe" (o mito), suscite parmi ses admirateurs et qui a connu son expression maximale après sa défaite électorale de 2022. Le refus de croire dans le verdict des urnes a engendré des comportements spectaculaires : des prières autour d'une roue de camion, une foule brandissant à l'unisson des téléphones portables allumés vers la nuit étoilée,... toutes ces manifestations surprenantes, et saugrenues pour certaines, ont inspiré des mèmes, tournant en dérision l'irrationalité de la foule bolsonariste. La tentative de coup d'État du 8 janvier 2023, qui culmine dans la dévastation des bâtiments symbolisant la démocratie à Brasilia, a brutalement réinscrit celle-ci dans une trame politique bien réelle. Il s'agit d'analyser ce qui a fait la force du "mito" et de comprendre sa signification.
26 février 2025 : Mobiliser la main d’oeuvre en Afrique coloniale au 19e siècle
Par Vincent Joly, Professeur émérite d’histoire contemporaine, Université Rennes 2
Au XIXème siècle, l’argumentaire économique est largement utilisé par les partisans de l’expansion coloniale. L’Afrique et l’Asie doivent procurer à l’Europe outre les débouchés, les matières premières qui lui manquent. Or, la question des moyens humains à mettre en oeuvre pour exploiter ces terres nouvelles n’est pratiquement jamais posée. Dans cette courte intervention, on s’interrogera sur les formes de mobilisation de la main d’oeuvre dans le cadre des grands projets impériaux en Afrique et à la rupture qu’elle entraine dans le rapport au travail pour les sociétés colonisées.
19 mars 2025 : La folie de l’ignorance. Une histoire africaine de nature et de violence
Par Guillaume Blanc, Maître de conférences HDR, université Rennes 2
Qui dit colonisation dit surexploitation. Déforestation, érosion, désertification, effondrement de la grande faune : de la fin du 19e siècle aux années 1960, la colonisation européenne de l’Afrique se traduit par un véritable choc écologique. Et depuis, la surexploitation continue. Tout comme la surprotection qui l’accompagne. Interdiction des droits d’usages, criminalisation des cultivateurs et des bergers, tirs à vue sur des « braconniers », expulsion de millions de paysans : les aires protégées d’Afrique sont devenues le lieu d’une violence quotidienne, et d’une ampleur sans précédent. Cette histoire coloniale puis postcoloniale est encore la nôtre aujourd’hui. Et depuis un siècle, elle est portée par des savoirs préconçus, des chiffres chimériques, des concepts sans fondement scientifique, bref, l’histoire de la nature africaine est portée par l’ignorance. Car ce qu’est l’Afrique ne compte pas : ce qui compte, c’est ce à quoi elle devrait ressembler, coûte que coûte.
26 mars 2025 : Le débarquement de Normandie : une opération démesurée
Par Olivier Wieviorka, Professeur d’Histoire contemporaine, ENS de Paris-Saclay
Le débarquement en Normandie semble justifier tous les superlatifs : opération ayant mobilisé les moyens les plus considérables dans l'histoire militaire, opération frappant par sa démesure, opération ayant marqué le retournement de la Seconde Guerre mondiale... Ces jugements invitent à poser un regard froid sur Overlord, en la replaçant dans le contexte plus global du conflit d'une part, en scrutant d'autre part la réalité de ses effets, et en comprenant le poids des enjeux mémoriels qui modèlent le regard que nous portons sur la coalition commandée par le général Eisenhower.
Retrouvez le programme en version téléchargeable ici :
Mise à jour : décembre 2024